‡+LES RELIQUES DU NÉANT‡+
Fantôme (1983) – Le Linceul Domestique
Architecture brute
Le premier cri ne fut pas hurlé, mais chuchoté depuis un sarcophage de papier peint. Ils ont pris le décor banal d'une vie que d'autres désirent – le catalogue Venilia, promesse d'un foyer sans âme – pour en faire le linceul de leurs premières incantations. Ce n'était pas une pochette, mais un acte de profanation. À l'intérieur, non pas une image, mais un puzzle à reconstituer : l'art comme débris, la beauté comme labeur. Fantôme n'est pas un album ; c'est le spectre de ce qui allait suivre, une esquisse tracée avec la suie de leurs rêves calcinés.
Esthétique urbaine
Le refuge devint une cage de métal froid. Le boîtier, imitation industrielle, contenait les instruments d'une évasion intérieure. Fuite Mentale est une complainte pour les déportés volontaires, la bande-son d'une asphyxie lente sous les "gaz larmoyants" de l'existence. Les "gadgets" qu'ils y joignirent n'étaient pas des jouets, mais les outils d'une chirurgie de l'âme, des talismans pour naviguer dans les "décombres de la folie". Cet objet n'est pas une cassette, c'est une trousse de secours pour ceux qui ont déjà renoncé.
Fuite Mentale (1985) – L'Arsenal de l'Exil
Le son devint une photographie de la douleur. Enfermé dans un boîtier vidéo, comme un film dont il ne resterait qu'un seul cliché insoutenable, Photodrame est leur manifeste le plus cruel. Enregistré à domicile, dans la claustration d'une chambre, chaque note est un aveu. Ils se sont faits les sujets de leur propre "matraquage photographique", se regardant "tels qu'ils ne pouvaient supporter de se voir". Des titres comme "La Mort Est Humaine" ne sont pas des provocations, mais des constats cliniques. Ceci n'est pas un enregistrement, c'est un dossier médical de la damnation


L'unique vinyle. Le monolithe final. Ici, le poison, rendu plus clair par le studio, n'en devint que "plus pernicieux". La production léchée est une ironie suprême, un vernis glacial sur le désespoir à l'état pur. Ils ont "sali l'image", lacéré le négatif de leur propre portrait pour que la pochette porte les stigmates de leur fatigue. Le titre est une épitaphe prophétique. Qui sont ces neuf silhouettes dans la nuit ? Eux, et nous tous, condamnés à errer dans les ténèbres en attendant une fin qui tarde trop. Cet album n'est pas leur apogée. C'est leur tombeau.
Compilation






… dans l’ombre moite des archives et des forums, des labels visionnaires exhument les reliques, ravivent la braise. Sacred Bones, Infrastition… À travers eux, Trop Tard renaît, toujours plus pur, toujours plus spectral. Car ce qui fut refusé au vivant est désormais offert au mythe : une œuvre sans compromis, sans concession, une musique pour ceux qui dansent au bord du vide, la main dans la main avec leur propre désespoir



